Le déficit des finances publiques n'est pas la seule plaie béante de notre économie, le déficit commercial ne cesse de se creuser: Il dépassait en Mai, pour le second mois consécutif, la barre des 7 milliards d'euros, un montant qui couvrait, il y a encore sept ans, une année entière. Devant cet indicateur alarmant, l'heure n'est plus à l'indifférence.
Rééquilibrer notre balance commerciale
Désormais, le déficit entre exportations et importations atteint les 33,4 milliards d’euros sur les cinq premiers mois de l’année 2011*. Pourtant, cet autre déficit, non moins grave que celui de nos dépenses publiques est longtemps passé inaperçu.
Quatre facteurs ont empêché les Français de mesurer, jusqu'à présent, la gravité du déséquilibre de leur balance commerciale, comme le note judicieusement Jean-Francis Pécresse dans les Echos, cette semaine.
Premièrement il y a eu l’écran de l’euro qui dispense les pays dont la balance extérieure est durablement déséquilibrée de sanction monétaire immédiate. Ensuite, les gros contrats signés par quelques champions nationaux comme Airbus, masquent les échecs à l’exportation de la plupart des entreprises françaises. Troisièmement, la profitabilité des entreprises sur le marché intérieur français contribue à dresser un tableau trop rassurant de la situation car, comme l’écrit Jean -Francis Pécresse, «si nos grands groupes sont encore profitables, c’est au prix de délocalisations qui ont rétréci notre base industrielle, et donc notre capacité à exporter ». Enfin, le coût de l’énergie a longtemps été considéré comme le grand responsable de notre déficit commercial alors que d’autres raisons sont à invoquer sur lesquelles nous avons plus de prise.
A quoi doit-on réellement attribuer notre perte de compétitivité industrielle ?
Il est courant d’imputer notre perte de compétitivité au coût global du travail, encore trop élevé en France, qui nous empêche de lutter efficacement à l’international, mais nous ne sommes pas les seuls, en Europe, à avoir un coût unitaire du travail élevé. Or, depuis dix ans, le nombre des entreprises françaises exportatrices ne cesse de baisser par rapport à nos voisins européens. En 2010, elles n’étaient plus que 90.855 selon les chiffres du Ministère du Commerce Extérieur, soit trois fois moins qu’en Allemagne et deux fois moins qu’en Italie.
Or c’est surtout le nombre de PME qui est en perte de vitesse. Selon une étude de la Banque de France, le nombre d’entreprises employant 250 à 5000 salariés plafonnait à 4.195 en 2009. Alors que la Grande Bretagne ou l’Allemagne comptaient respectivement plus de 10 000 entreprises de taille moyenne. Or il est clair que ce sont justement les PME qui, en raison de leur taille critique, peuvent supporter le coût de l’innovation et se lancer sur les marchés extérieurs.
Les raisons qui entravent l’essor des PME françaises
En France, nous ne comptons que 4000 business angels soit dix fois moins qu’au Royaume Uni. Or ces conseillers-investisseurs en micro développement constituent un maillon important dans la croissance de future PME, en fournissant financement et savoir faire à ces petites entreprises en devenir. L’Etat Français ne devrait-il pas encourager la création de ces agences et les aider à s’installer par des incitations fiscales?
Autre facteur qui contribue à la perte tendancielle d’entreprises exportatrices en France : Les PME françaises lorsqu’elles sont en forte croissance « disparaissent prématurément car elles sont absorbées par de grands groupes. » explique Patrick Artus, directeur de la recherche chez Natexis, cité dans les Echos .. Or cette absorption peut être fatale parce que son rachat donne souvent lieu à un changement de l’équipe dirigeante et qu’en perdant sa liberté, la PME altère son profil dynamique et exportateur.
La France perd des parts de marché sur le plan mondial mais aussi par rapport à ses voisins de la zone euro. Nous ne pouvons plus nous contenter de nous féliciter d’avoir des entreprises françaises bénéficiaires dans l’Hexagone. Pour les aider à devenir bonnes exportatrices, il faut mobiliser nos efforts : Rappelons-nous que nous pouvons être compétitifs en dépit de notre coût unitaire de travail élevé. Nous ne possédons pas seulement l’industrie du luxe en France; mais aussi des niches technologiques avec des ingénieurs de premier ordre, et des produits issus de notre savoir-faire, uniques à exporter.
par
Brigitte Ades
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